Vendredi 7 février 2025

CHF 50 | 30.-

19:30 Eglise de Saanen

M. Ravel
« Ma Mère l’Oye » – transcription de Thierry Machuel
« Ronsard à son âme » – transcription de Gérard Pesson
« Soupir » – transcription de Clytus Gottwald
« Pavane pour une infante défunte » – transcription de Thibault Perrine
« Toi le coeur de la rose » – transcription de Clytus Gottwald
« Trois Chansons »
« La vallée des cloches » – transcription de Clytus Gottwald
« Shéhérazade » – transcription de Gérard Pesson
« Boléro » – transcription de Thibault Perrine

Sous le patronage de

Présentation de concert

Ravel – transcriptions pour chœur
Dès ses concertos pour piano destinés à la main gauche, Ravel ne suggérait-il pas qu’il était possible de tout retirer pour ne conserver « que » la musique ? N’induisait-il pas qu’une partie du corps pouvait faire aussi bien que le corps entier ? Alors pourquoi ne pas garder que la voix, en lieu et place de la main ? Puis en adaptant sans cesse ses œuvres pour d’autres formations, de l’orchestre vers le piano, ou du piano à l’orchestre, Ravel ajouta même qu’il existait une chose plus cruciale que la musique : le chant. On songe ainsi que ces paroles de Trenet pourraient avoir été inspirées par le célébrissime Boléro : « Longtemps, longtemps, longtemps, après que les poètes ont disparu, leurs chansons courent encore dans les rues… »

Ma Mère l’Oye (tr. de Thierry Machuel)
La Belle au bois dormant, Le Petit Chaperon rouge, Barbe bleue, Le Chat botté, Cendrillon, Riquet à la houppe, Le Petit Poucet… On a du mal à croire que tant de contes emblématiques aient été publiés en un même recueil – signé Charles Perrault – début 1697. Ravel, à qui l’on ne connut pas de relation officielle et qui mourut sans descendance, s’en inspira en 1908 pour inventer une suite pour piano, destinée à quatre mains d’enfants. Celles de Mimi et Jean, la fille et le fils d’un couple d’amis – qui la créèrent en 1910, du haut de leur quatre et six ans, salle Gaveau à Paris. Mais c’est aujourd’hui la transcription pour orchestre par l’auteur qui est la plus connue – enrichie de quelques segments pour une version « ballet », datée de 1912. Après tant de transformations, il est naturel de plonger par la voix dans cet univers onirique, plein de fées et d’animaux, que Saint-Saëns n’aurait pas renié. Et Perrault non plus ! N’est-ce point magique de convertir tout un orchestre… en bouches humaines ?

Ronsard à son âme (tr. De Gérard Pesson)
Fini la symphonie : entrons dans un postmédiéval archaïque avec cette mélodie créée en 1924 pour le quatre centième anniversaire de la naissance du poète. Les couleurs sont modales. C’est un autre temps, un autre monde. Mais une chose n’a pas changé, c’est Ronsard qui le dit : « La poésie, sans la grâce des instruments et de la voix, est une chose nullement agréable. »

Soupir (tr. de Clytus Gottwald)
On dit que Debussy et Ravel – alliés autant qu’adversaires, dans la grande aventure musicale du début du XXe siècle – se seraient déchiré les droits d’adaptation des Trois poèmes de Mallarmé, auxquels appartient Soupir. Dédiée à Stravinsky, dont elle calque l’instrumentation de ses Trois poésies de la lyrique japonaise, la pièce vacille sur le fil d’un balancier trouble, en écho aux vers mutants de Mallarmé, que Ravel considérait « comme le seul poète français, puisqu’il a rendu poétique la langue française, qui n’était pas destinée à la poésie ».

Pavane pour une infante défunte (tr. de Thibault Perrine)
Encore une pièce pour piano (dédiée à la princesse de Polignac en 1899) orchestrée ensuite par son auteur. Une « pavane » est une danse lente et solennelle, apparue à la Renaissance. C’est la sonorité du titre qui inspira Ravel – plus qu’un récit spécifique. La partition devint l’un des succès du musicien, qui la renia presque du fait de sa simplicité : « J’en perçois fort bien les défauts », aimait-il à répéter. Percevons-en la grâce.

Toi le cœur de la rose  (tr. de Clytus Gottwald)
Un extrait de L’Enfant et les Sortilèges, cette fantaisie lyrique surréaliste, tant d’un point de vue orchestral que thématique, composée par Ravel à partir de 1919 en collaboration avec Colette. Retour dans l’univers du conte… mais tout ici est bizarre, avant d’être fantastique.

Trois Chansons, La vallée des cloches (tr. de Clytus Gottwald)
L’impressionnisme de Ravel n’a jamais été aussi bien incarné qu’avec Les Miroirs ; une série de cinq pièces pour piano fondée sur la notion de reflets. Deux d’entre elles furent orchestrées, pas La Vallée des cloches – qu’une transcription pour chœur élève ce soir vers de très hautes cimes. Nous voici dans les nuages de l’harmonie, de la voix nue.

Shéhérazade (tr. de Gérard Pesson)
« Simple » ouverture en 1889, puis cycle de trois mélodies en 1903 à partir des vers de Tristan Klingsor, cette œuvre fut aussi réduite pour voix, flûte et piano par son auteur. Elle témoigne aujourd’hui de sa fascination éternelle et précoce pour l’Orient…

Boléro (tr. de Thibault Perrine)
Qu’ajouter sur cette pièce ultime ? Écoutons le tour de magie que constitue le remplacement d’un orchestre symphonique par une bridage de chanteurs, et la substitution de deux tambours, trois tombales, une grosse caisse, quelques cymbales, un tam-tam et un célesta par d’ordinaires pieds tapés au sol, et autant de lèvres frétillantes !

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